Quel est le sens de la vie ?


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Le Voyageur contemplant une mer de nuages, Caspar David Friedrich (1818)


Qu’elle est le sens de la vie ? Pour quoi existons-nous ? Existe-t-il des finalités à l’existence ? Quelle est la finalité de l’Univers ? Quelle est la finalité de la Vie ? Quelle est la finalité de l’Humanité ? Quelle est l’objectif de ma propre vie ? On peut tourner ce questionnement vers un but dans le futur : le « pour quoi ? ». Mais on peut aussi tourner ce questionnement vers une origine dans le passé : le « pourquoi ? ». Pourquoi l’Univers, la Vie, l’Humanité et moi-même existons-nous ? Qu’est-ce qui a causé notre existence et lui a donné un premier sens en la créant ? Car le sens indique un mouvement d’un point vers un autre, reliés ensemble par un enchaînement de causalités inscrites dans l’espace temps, d’étapes, c’est-à-dire un cheminement existentiel.

La question du sens de l’existence, de l’origine et de la finalité de la vie, est une des questions spirituelles, métaphysiques et existentielles parmi les plus importantes, si pas la plus importante de toutes. D’une certaine manière, c’est l’objet de toute la philosophie, de l’épistémologie, de la métaphysique, de l’ontologie, de l’éthique, de l’esthétique. Il existe même des domaines spécialisés de la philosophie pour étudier les fins, comme la téléologie.

Pourquoi l’aborder sur mon site ? D’abord parce que j’en ai envie et que c’est mon site 🙂 . Ensuite parce que je pense que l’écrivain (celui qui écrit, publie ses écrits, et ne peut s’en empêcher 😉 ) peut tenir une fonction particulière au sein de la société : celle de proposer du sens à l’Existence par les idées contenues dans ses écrits. Les écrits peuvent donner du sens à l’existence, à notre existence. Tout qui a lu le sait, certains livres nous marquent à jamais. En outre, je pense que l’engagé (citoyen, politique, activiste, militant, travailleur, etc.) est un humain qui agit de manière à donner sens à l’existence, à son existence, qui réalise des actions qui font sens. Le sens que l’on élabore en pensée et en acte est donc irrémédiablement lié au sens que l’on donne à l’existence et à son existence en particulier.

Ces éléments suffisent à mon sens pour justifier d’aborder cette question spirituelle et métaphysique fondamentale.

Le philosophe peut, comme à son habitude, interroger la question elle-même. Poser cette question a-t-il le moindre sens ? Ce qui pourrait nous mener vers une impasse car comment répondre à cette question sans répondre au question du sens de la vie elle-même ? Cependant, cette question est peut-être moins absurde qu’il n’y paraît. Le philosophe Ludwig Wittgenstein par exemple, un grand philosophe du langage, a fondé une grande partie de son œuvre sur la mise en pièce systématique des certitudes que nous pouvions avoir sur le langage lui-même. En nous inspirant de lui, nous pourrions nous demander ce que signifie notre question même, prise comme un ensemble de mots, ce que signifie chaque mot séparément et pris ensembles.
Nous pourrions nous demander ce que signifient « sens » et « vie« . Nous pourrions estimer qu’un mot plus précis que « vie » serait « existence ». Ce qui donnerait : « quel est le sens de l’existence ? »

Néanmoins, pour connaître de manière très superficielle la philosophie de Wittgenstein, je pense nécessaire d’accepter d’utiliser le langage entre humains d’une manière tout aussi superficielle, mais néanmoins productive de sens, justement, et de sens commun, de sens partagé. C’est pourquoi je fais le postulat que cette question résonne chez la plupart d’entre nous, sans nécessiter immédiatement sa mise en pièce sémantique. Je postule que la plupart d’entre nous comprennent intuitivement ce que signifient « sens » et « vie », et donc ce que signifie cette question (notons au passage que le mot « signifier » fait référence au sens).

Que puis-je dire en passant, sommairement, sur cette question ?

Premièrement, que poser la question du sens c’est poser la question du qui, du quoi, du quand, du pourquoi, du pour quoi et du comment.

Deuxièmement, que la question du sens, dans un sens, n’a aucune réponse. Il est possible et même plausible que la vie n’a aucun sens. C’est ce que certains appellent « l’Absurde » ou le « Mystère« .

Troisièmement, que cette question, dans un autre sens, pourrait avoir une infinité de réponses. Que la vie pourrait avoir autant de sens différents, simples ou multiples, qu’il n’y a d’humains pour se poser cette question.

Entre les deux extrêmes de l’anomie -c’est-à-dire l’absence de tout sens- et du sens donné préexistant -une forme de téléonomie où il existe une ou des fins finales-, je pourrais affirmer que nombre de philosophes ont mis en évidence des éléments de réponse à cette question fondamentale. « Mener la vie bonne » est une réponse courante de la philosophie. Mais qu’est-ce que cela signifie au juste ? Quand on creuse encore on tombe sur « l’Amour », « l’Amitié », « l’Engagement » et d’autres biens qui paraîtront moins nobles comme « la Gloire », « la Richesse », « le Pouvoir ». Pourtant nous savons bien que certains d’entre nous articulent leur vie à la recherche de ces biens.

Pour aller plus loin, je peux également distinguer la question « Quel est le sens de la vie ? » de la question « Quel est le sens de ma vie ?« , comme une sous-question de la première.

A nouveau, le particulier se lie au général. Car puis-je vraiment donner un sens unique à ma vie d’être humain par rapport aux milliards d’autres êtres humains ayant vécu, vivant et encore à naître ?

Oui et non. Non car le sens que je donnerai à ma vie pourrait être relativement « générique » dans l’ensemble « êtres humains » dont je fais partie. Oui car il semble que je reste malgré tout une instance unique de l’ensemble « êtres humains », en tant qu’individu, et que je pourrais donner un sens tout aussi unique à ma vie.

Le mot est lâché : « donner un sens ». Si aucun sens ne semble donné par l’extérieur, c’est que chacun doit lui-même donner un sens à sa vie, l’élaborer de toutes pièces. Mais certains d’entre nous pensent que le sens de la vie est donné, donné par Dieu par exemple. Et que le sens de ma vie, c’est de servir les desseins de Dieu. Ce sont les croyants.

La question du sens de la vie, du sens de ma vie, peut paraître absurde, mystérieuses, insoluble, superflue, un luxe pour les nantis oisifs. Pourtant elle me semble une des questions les plus importantes dans l’existence humaine, peut-être même une de ces questions qui définissent le caractère véritablement humain de notre existence. L’être humain est cet existant, ce vivant, qui peut se poser et se pose la question du sens de l’existence, c’est-à-dire qui dispose de cette capacité réflexive unique de se poser la question du sens par rapport à sa propre existence et même par rapport à l’existence toute entière. Cette question n’est donc pour moi en aucun cas superflue ni un luxe. Si je dois admettre son caractère partiellement insoluble, je dois aussi reconnaître la possibilité d’y donner des éléments de réponse, et surtout, la possibilité pour chacun de donner un sens à sa propre vie.

Bien sûr, cela n’obèrera jamais le caractère absurde, mystérieux et même tragique de la question du sens. C’est d’ailleurs dans l’absurde, le mystère et le tragique, sans réponse à l’anomie, au Mal, à la Souffrance, que survient sans doute le douloureux phénomène du suicide. Le suicide, en un sens, exprime le message que l’individu n’a trouvé aucun sens dans l’existence, qu’il a été vaincu par l’anomie.

Bien sûr, on peut décider simplement ne pas se poser la question du sens, ce qui clôt directement la réflexion. On peut décider de vivre, d’exister, d’être là, ici et maintenant, sans plus, sans se torturer l’esprit. Et pourquoi pas finalement ? La méditation aurait tendance à nous inviter à suspendre le jugement, la décision, le désir, en ce compris toutes les questions existentielles comme celle du sens.

Cependant, la question que je me pose du sens de la vie et du sens de ma vie ne peut être suspendue indéfiniment, tôt ou tard, à mon corps défendant, elle resurgit, par exemple lors d’un événement douloureux de la vie. La fuir, la nier, l’éviter, c’est peut-être paradoxalement lui laisser prendre toute la place dans notre inconscient. Alors contemplons-la, cette question qui n’a aucune réponse extérieure et une infinité de réponse intérieures, car elle fait de moi un être humain et me relie à tout ce qui existe et qui est capable de penser sa propre existence, les autres humains.


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