Mystère




Le Mystère fait sans conteste partie des phénomènes les plus fondamentaux de l’Existence.

L’Existence elle-même est un mystère, et sans doute le plus grand mystère de tous. D’où vient l’Existence, pourquoi existons-nous, d’où venons-nous ? Et où va l’Existence, pour quoi existe-t-elle elle-même, où va-t-elle ? Les mêmes questions se posent au sujet des Humains et de Soi. Quelqu’un a-t-il créé l’Univers ? Quelqu’un a-t-il conçu l’Univers de sorte que nous existions ? Pourquoi ? Pour quoi ?

Le Mystère s’étend ensuite à tous les aspects particuliers de l’Existence et du Réel, avec tous les phénomènes comme l’Humanité, l’Absurde, le Tragique, le Mal, la Mort

Le dictionnaire Larousse définit ainsi le mot « mystère » :

  • Ce qui est inaccessible à la raison humaine, ce qui est de l’ordre du surnaturel, ce qui est obscur, caché, inconnu, incompréhensible
  • Événement inexplicable, aventure énigmatique
  • Chose inconnue ou qui n’est accessible qu’à des initiés
  • Silence, obscurité volontaire faits sur quelqu’un, en particulier sur sa vie
  • Précaution prise pour cacher quelque chose
  • Vérité inaccessible à l’intelligence humaine, mais dont le contenu ne peut être saisi que par la révélation divine


Je pense que nous n’aurons jamais la réponse aux questions existentielles que l’Humanité ne cesse de se poser depuis qu’elle existe, parce que je pense qu’il ne peut pas exister de réponse à ces questions.

Imaginons que nous découvrions que « Dieu nous a créé pour célébrer sa gloire éternelle » ou bien que « la civilisation extraterrestre des Andromédiens a créé la Vie sur Terre comme une expérience scientifique » ou encore que « nous existons seulement à l’intérieur d’une simulation informatique initiée par une intelligence artificielle ». Pourrions-nous alors dire que « ça y est, nous avons la réponse à nos questions existentielles ! » ? Aucunement. Car je pose qu’on peut toujours remonter plus loin la question du pourquoi et celle du pour quoi. Pourquoi Dieu veut-il que nous célébrions sa gloire éternelle ? Qui a créé Dieu lui-même ? Pourquoi Dieu existe-t-il ? Pourquoi les Andromédiens nous auraient-ils créés ? Pourquoi une intelligence artificielle simulerait-elle notre existence ? Qui a créé les Andromédiens ou cette intelligence artificielle ? Pourquoi ? Quand bien même nous répondrions à nouveau à cette question, on pourrait encore poser, à nouveau, la question du pourquoi cela. Les pourquoi forment une chaîne qu’il est impossible de remonter.

Le philosophe est forcé de constater qu’il n’y aucune réponse à la question de l’ultime pourquoi et à la question de l’ultime pour quoi. Il n’y a aucune réponse à la question de l’origine ultime de l’Existence et à sa finalité ultime. Que l’on postule l’existence ou non de Dieu n’y change rien. Car pourquoi existe-t-il (ou elle…) ? Et pour quoi ?

Il me semble qu’on est forcé de postuler que l’Existence est sa propre cause et sa propre finalité. Et que Dieu, s’il existe, est sa propre cause et sa propre finalité. L’Existence est un phénomène émergeant, immanent. Et Dieu, s’il existe, est également un phénomène émergeant et immanent. Si, comme le philosophe Spinoza, on postule que Dieu et la Nature, ou encore Dieu et tout ce qui existe, l’Univers, l’Existence, le Réel, sont une seule et même chose, alors tout est immanent. L’Existence est une autocréation à partir du néant ou d’un infini sous-jacent.

Le mystère règne sur l’ontologie, la métaphysique mais aussi sur l’éthique et l’esthétique. Quand on prend conscience de son existence dans un réel existant, on est vite confronté à sa propre finitude et à celle de tout ce qui existe, à l’absence de sens donné, à la souffrance, au mal. Là encore, aucune explication ne peut être définitive. Pourquoi le Mal ? Pourquoi la Shoah ? Pourquoi Hitler ? Pourquoi la souffrance règne-t-elle dans l’existence ?

Le Mystère ne se réduit aux aspects déplaisants de l’Existence. Il règne aussi dans les aspects plaisants : l’Amour, l’Amitié, le plaisir, la Joie, le Rire, etc. Et règne aussi dans tous les aspects ni déplaisants ni plaisants de l’Existence. La Religion ne pouvait et ne voulait réduire le Mystère. La Science ne le peut pas non plus.

Il me semble que le Mystère est né en même temps que l’Existence. Ces deux phénomènes sont consubstantiels, nécessaires l’un à l’autre. Impossible selon moi d’imaginer une Existence dénuée de Mystère.

Comme l’Absurde, le Tragique, le Mystère clôt notre quête de sens. Nous pouvons déployer autant d’énergie que nous voulons, nous sommes confronté à la Limite.

Nous pourrions nous lamenter du Mystère mais cela est totalement vain puisqu’il est là, nécessairement. Pourquoi alors ne pas nous en réjouir ? Ne sommes-nous pas des créatures friandes de mystère ? Le mystère n’est-il pas le sel de l’existence ? Y aurait-il de l’amour, de l’aventure, du plaisir, de la surprise, de l’intérêt à l’existence si elle était dénuée de tout mystère ? Je ne le pense pas.

Le Mystère, selon moi, enrichit notre existence. Acceptons le mystère du Mystère. Contemplons-le. Goûtons-le. Savourons-le dans la Joie d’exister.


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