Méditation n°3 : que faire face à l’Urgence ? Première réponse grossière




Tout part de ton refus de « ne rien faire », ton refus de « tout laisser tomber ».

Tu dois apprendre à « lâcher prise » sinon tu t’effondreras d’épuisement mais sans que ça conduise à « l’abandon de toute action engagée » de ta part.

Paradoxe intérieur (lâcher prise du méditant, abandon total à la vie-mort) et extérieur (révolte, lutte, combat, engagement, reliance du militant, refus de la mort).

L’action possible se définit au croisement des possibilités humaines et des contraintes du Réel :

–> question éthique « Que faire ? » (pour un individu, ici et maintenant, vie privée/quartier/village/ville/région/pays/continent/monde)

–> Anthropocène –> Inertie du système Terre

–> Puissance d’agir de l’individu humain –> maximale lorsque action collective (tout plus que la somme des parties) = Politique (grand P, plus large que la politique politicienne) –> maximale lorsque niveau « parti » et « Etat » (au sens générique : le « parti de la révolution » est un parti, le mouvement climat est un « parti », une commune autogérée anarchiste est un « Etat » générique local) –> Etat = puissance de la multitude (pas possible de réunir plus de puissance d’agir humaine que sous la forme politique de l’Etat dans ce sens générique d’entraide et de coordination la plus large possible)

–> question préalable au « Que faire ? » –> que peut faire l’être humain ? que peut faire un collectif humain ? que peut faire un Etat (générique) ? que peut faire une civilisation / une société ? (libre arbitre, etc.)

–> question préalable au « Que faire ? » –> que peut ENCORE FAIRE l’être humain DANS L’ANTHROPOCENE face à l’INERTIE DU SYSTEME TERRE ? etc. pour toutes les échelles d’action humaine ?

Les Humains ont une puissance d’agir collective :

–> analogie – expérience de pensée : « que pouvaient faire les dinosaures alors qu’une météorite géante s’apprêtait à percuter la péninsule du Yucatan il y a 66 millions d’années ? »

–> dinosaure n’a aucun moyen scientifique, technique, social, politique, culturel, philosophique, spirituel, etc. = aucune ressource = il subit totalement le réel

–> nous Humains, nous savons (science), nous pouvons (technique), mais… nous ne voulons pas savoir (culture), nous ne voulons pas pouvoir (politique), nous ne voulons pas tout court faire ce qui doit être fait (éthique)

–> en éthique, on doit toujours minimiser le Mal (sens générique)

–> sauf preuve (de toute façon impossible vu incertitude radicale), on PEUT ENCORE minimiser le mal : agir de telle sorte que la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre reste possible (Jonas) [j’ajoute] pour un nombre maximum d’êtres humains = pousser pour aller dans les scénarios LES MOINS PIRES (fini l’Utopie, il n’y a plus que des Dystopies, plus ou moins « pires »)

Que faudrait-t-il donc faire ?

–> Etat d’Urgence écologique = Etat Résilience : Réduire au plus vite les émissions de GES + Augmenter au plus vite la capacité de résilience sur les systèmes vitaux

NB : rien d’original ici, c’est la généralisation au niveau étatique de la pensée des Villes en Transition de Rob Hopkins (descente énergétique + autonomie locale)


Ne pas attendre les autres :

–> Que peuvent faire et que doivent faire ceux qui savent (parce qu’ils veulent savoir), ne peuvent pas (ils veulent mais sont empêchés par la majorité) ?

–> Tirer la sonnette d’alarme, hurler à l’agonie de la lumière (Cassandre, Sisyphe, pas grave, on continue à hurler à l’incendie), témoigner, documenter, ne pas se taire (phares pour rallier les navires perdus dans la tempête), outiller, donner des clefs, créer des archipels de solidarité

–> Déployer la résilience dans la culture et autant que possible dans le réel (mais presqu’impossible car le Système éradique ce qui est différent de lui)

–> Former un maximum de gens à la Résilience, protéger au maximum les services vitaux (en les rendant résilients ou prêts à le devenir rapidement = valisettes de déploiement rapide de résilience, kits de résilience le jour où les gens sont « demandeurs/volontaires »)

–> Construire des « Permabbayes« , écolieux de recherche, enseignement, autonomie locale, rayonnement permaculturel, équivalents des monastères des Ages sombres, pour préserver le savoir et le savoir faire et le savoir être…

–> Faire tout ça dans des collectifs aussi puissants que possibles, ne pas abandonner le champ politique, culturel, philosophique, syndical, associatif, partisan… du moins pas complètement ?

Agir pour rapprocher un basculement d’opinion publique :

–> Provoquer et attendre un hypothétique « moment Pearl Harbor » (cf. nos articles sur le blog de Paul Jorion) = basculement de l’opinion publique, formation de majorités volontaires pour mettre en oeuvre l’Etat d’Urgence écologie – Etat Résilience

–> Si pas de « moment Pearl Harbor », abandonner la mitigation et se replier sur la seule adaptation-résilience… l’Etat permacole sera très local… le reste de la mégamachine s’effondrera (Etat classique, économie mondiale, bourses, etc.)

Construire sa citadelle intérieure :

–> se consoler : la vie renaît après 5 à 30 millions d’années après une extinction de masse… mais dommage de perdre la capacité de l’Univers à se comprendre lui-même (Schelling : l’Humanité et sa formidable réflexivité – conscience), espérons qu’il y ait de la vie consciente ailleurs dans l’Univers (fort probable selon moi)

–> rester des gens biens, mener la vie bonne, quoi qu’il arrive

–> accepter la mort subite et injuste, par la faute de l’autre idiot = stoïcisme, éthique de la vertu, idéale pour les âges sombres 🙂

–> vivre en pleine conscience, ici et maintenant, retrouver la Vie qui vibre en soi, se relier à la Vie, aux Autres, Convivialité (vivre avec), Reliance, Joie !

–> ne pas s’excuser parce qu’on dérange 😉

–> vie esthétique, vie poétique (Morin) : la beauté (tragique) de l’existence !


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