Que faire ? La question éthique et politique – Le Bien


Publié le

Mis à jour le



Avec la question « Quel est le sens de la vie ? », vient la question « Que faire ? ». Ces deux questions s’articulent. Alors que la question du sens de la vie se focalise au niveau du pourquoi et du pour quoi, la question éthique du « que faire ? » se focalise sur le « quoi ? », et donc également sur le « qui ? », le « comment ? », le « où et le quand ? ». Il s’agit d’aborder non seulement les finalités mais aussi les moyens et les situations pour le sujet éthique que nous sommes. Pour répondre à la question du « que faire ? », il semble pertinent d’avoir apporté des éléments de réponse à la question « quel est le sens de la vie ? » Eléments car nous avons vu que la question du sens restait toujours ouverte, partiellement indéterminée, jamais définitivement close. Certains prétendent pourtant avoir accédé à la clôture du sens et du « que faire ? » Par exemple, si on pense que le sens de la vie est de « servir les desseins de Dieu », alors on répondra au « que faire ? » en conséquence : faire ce que notre religion nous indique. Les religions peuvent prétendre clore la question du sens a priori. Le croyant peut imaginer qu’il n’a plus à se poser la question du sens quand la réponse de la religion est « servir les desseins de Dieu ». Et le croyant peut aussi s’imaginer qu’il n’a plus à se poser la question du « que faire ? » quand il estime, ou qu’on lui fait croire, que la religion apporte toutes les réponses nécessaires à cette question. Je fais partie de ceux qui pensent qu’une compréhension adéquate d’une religion ne signifie pas la cloture des questions du sens et du « que faire ? ». Je fais donc ici le postulat que, comme pour le sens, la question du « que faire » est toujours ouverte, partiellement indéterminée, jamais définitivement close.

L’éthique est la discipline philosophique qui se préoccupe de la question du « que faire ? » dans toutes les dimensions de l’existence. Avec l’ontologie, la métaphysique et l’épistémologie, la question éthique figure donc au niveau le plus méta de la philosophie. D’autres disciplines philosophiques comme la philosophie des sciences, la philosophie politique, la philosophie du vivant ou la philosophie de la santé, sont commandées d’une certaine manière par l’éthique. Kant énumérait dans son oeuvre quatre grandes questions philosophiques : que puis-je savoir, que dois-je faire ?, qu’est-ce que l’Homme ?, que m’est-il permis d’espérer ? On voit bien que les réponses que l’on peut apporter à ces différentes questions s’entredéterminent. Mais je considère personnellement que l’éthique domine toutes les autres disciplines philosophiques, même l’ontologie, la métaphysique et l’épistémologie. J’estime que pour pouvoir se poser la question de l’être, la question de notre vision du monde et de notre connaissance, je dois déjà penser et agir, et que je suis obligé de me fixer à moi-même, dès le départ, des règles éthiques. Je refuse par exemple de « torturer un animal pour étudier la question ontologique de l’être ».

Derrière l’éthique, figure la question du sens donc, et les valeurs de « Bien » et de « Mal« , contestées et contestables, mais qui peuvent nous servir de boussole en première approximation. Nous avons vu dans la question du sens que « mener la vie bonne » était une réponse standard du corpus philosophique. Cela implique de vivre (au passage…) et d’élaborer une conception du bien. On peut comme le bouddhisme, Spinoza et Nietzsche, élaborer des thèses très convaincantes sur l’inexistance du bien et du mal, il reste malgré tout que ces philosophes et maîtres spirituels se sont fixés à eux-mêmes des orientations pour « mener la vie bonne » et qu’ils reconnaissaient donc que certaines « choses » étaient à rechercher et d’autres à éviter, ce qui ressemble furieusement à des biens et des maux.

Je distingue personnellement différents domaines où l’éthique trouve à s’appliquer :

  • la vie intérieure et personnelle (que faire avec moi-même ?),
  • la vie amoureuse (que faire avec l’autre que j’aime ?),
  • la vie familiale (que faire avec les membres de ma famille ?),
  • la vie amicale (que faire avec mes amis ?),
  • la vie professionnelle (que faire avec ceux avec qui je travaille ?),
  • la vie engagée (que faire avec les autres citoyens dans mon espace politique ?),
  • la vie terrestre (que faire avec les autres humains qui partagent le monde et que faire avec les autres vivants non humains, ici et ailleurs, hier, aujourd’hui et demain ?).


Chacun de ces domaines a occasionné de nombreuses réflexions. Sur mon blog, j’aborderai surtout l’éthique de l’engagement, c’est-à-dire la vie professionnelle, engagée et terrestre. Je n’aborderai les autres aspects de l’éthique que dans la mesure où ces dimensions entrent en interaction avec l’éthique de l’engagement (couple et engagement, enfants et engagement, amis et engagement, etc.).

Je considère que la politique est comprise dans l’éthique générale. L’éthique politique, c’est répondre au que faire ensemble, avec mes concitoyens, dans l’espace public politique qui nous réunit ? Cette question sera un des mes principaux thèmes d’investigation.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *