La philosophie, du grec ancien φιλοσοφία (composé de φιλεῖν, philein : « aimer » ; et de σοφία, sophia : « sagesse » ou « savoir »), signifiant littéralement « amour du savoir » et communément « amour de la sagesse », est une démarche qui vise à une compréhension du monde et de la vie par une réflexion rationnelle et critique. Cette réflexion n’est pas pour autant le propre d’un homme en particulier mais de tout homme dans sa dimension proprement humaine même si certains penseurs en ont fait le cœur de leur activité. C’est une recherche de la vérité qui est guidée par un questionnement sur le monde, la connaissance et l’existence humaine. Elle existe depuis l’Antiquité en Occident et en Orient, à travers la figure du philosophe, non seulement en tant qu’activité rationnelle mais aussi comme mode de vie. L’histoire de la philosophie permet d’appréhender son évolution.

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La sagesse (équivalent en grec ancien σοφία / sophía) est un concept utilisé pour qualifier le comportement d’un individu, souvent conforme à une éthique, qui allie la conscience de soi et des autres, la tempérance, la prudence, la sincérité, le discernement et la justice s’appuyant sur un savoir raisonné.

Dans le domaine de la philosophie, la sagesse représente un idéal de vie vers lequel tendent les philosophes, « amoureux de la sagesse », qui « pensent leur vie et vivent leur pensée », à travers le questionnement et la pratique de vertus.

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La philosophie comme discipline se scinde elle-même en sous-disciplines comme l’ontologie ou philosophie de l’être, la métaphysique ou philosophie de la réalité, l’épistémologie ou philosophie de la connaissance, l’éthique ou philosophie morale, l’esthétique ou philosophie de l’art, etc. et en courants historiques comme le platonisme, le socratisme, le stoïcisme, l’épicurisme, l’hédonisme, le bouddhisme, le spinozisme, l’existentialisme, etc.

Quelle est la différence entre la philosophie et la sagesse ?


Les Anciens tendaient à mêler le sens de la sagesse et le sens de la philosophie, et considéraient comme des synonymes les mots de sage et de philosophe, tant la philosophie était avant tout considérée comme un mode de vie, une manière de mener la vie bonne. Cependant, il importe de pouvoir distinguer aujourd’hui ces deux notions.

En notant que l’on peut être une grande sage sans être une grande philosophe, et être une grande philosophe sans être une grande sage, on a déjà perçu l’essentiel de la distinction entre philosophie et sagesse.

Telle grande sage n’a inventé aucun nouveau concept, n’a pas développé de système philosophique, n’a pas écrit d’ouvrage sur une problématique philosophique et n’a pas fondé une école de pensées originale, mais a « simplement » mené la vie bonne, de bout en bout, et son existence fut et est encore un exemple pour toutes et tous. On se dit : « cette femme était vraiment une grande sage » vu son niveau de conscience, sa vertu, sa tempérance, la bonté de ses actes, la qualité de ses paroles, la beauté de ses relations avec les autres, l’impact bénéfique qu’elle a eu sur le monde. On se dit : « cette femme a mené une vie bonne ». Mais on ne se dit pas nécessairement alors : « cette femme était vraiment une grande philosophe ». A la limite, on peut concevoir que cette femme très sage était illettrée, pauvre, sans renommée particulière et sans talent exceptionnel. Elle était « comme tout le monde » mais en même temps « exceptionnelle » par sa sagesse. Voilà qui permet selon moi de distinguer ce qu’est la sagesse, au travers de la figure du sage.

A contrario, on peut très bien imaginer un grand philosophe qui n’était pas du tout un grand sage car c’était quelqu’un d’irascible, de hautain, de mesquin, beaucoup plus préoccupé par sa carrière et sa renommée que par les autres et le monde. Grand philosophe, il a inventé de nouveaux concepts et un système qui ont marqué l’histoire de la philosophie, certains de ses ouvrages sont des références, une école de pensée et des disciples se revendiquent de ses idées. Mais il a abandonné ses enfants, trompé sa femme et s’est montré lâche lorsque la dictature s’est emparée du pays, préférant œuvrer à sa propre renommée plutôt qu’entrer dans la résistance. Proche du pouvoir, il savourait la richesse et les charges prestigieuses, en se sentant très supérieur au commun des mortels. Voilà qui permet selon moi de distinguer ce qu’est la philosophie au travers de la figure du philosophe.

Bien sûr, il est attendu que la pratique de la philosophie mène à davantage de sagesse, c’est même un objectif souvent mentionné de la philosophie. Et en parallèle, il est attendu qu’un grand sage pratique même informellement la philosophie, car comment être vraiment sage si on ne réfléchit pas au moins un peu à soi, aux autres et au monde ? En outre, on peut très bien être un grand sage et un grand philosophe, et malgré tout humain, succomber au cours de son existence à la bassesse en commettant des actes vils, et écrire parfois des banalités très peu philosophiques.

Ainsi, j’ai tendance à penser que la sagesse est au dessus de la philosophie en termes de valeur éthique et que le sage est au dessus du philosophe. Si nous parvenions toutes et tous à suivre la voie de la sagesse par les moyens les plus simples, sans même créer le moindre concept ou système, l’édifice entier de la philosophie pourrait bien se révéler complètement inutile à l’existence.

Qu’est-ce qu’un philosophe ?


Un philosophe, au sens strict, est une personne qui a une profonde maîtrise de la philosophie et qui produit une pensée philosophique originale et reconnue. Il peut s’agir soit d’un professionnel de la philosophie, c’est-à-dire une personne dont le métier est d’être philosophe et qui pratique la philosophie à un niveau professionnel, soit d’un amateur de la philosophie qui la pratique en dehors de son gagne-pain, à un niveau équivalent à celui d’un professionnel. Le métier de philosophe n’a pas existé en tout lieu et en tout temps. Certains des grands philosophes retenus par l’histoire n’en faisaient pas leur métier et n’en vivaient pas. Baruch Spinoza a taillé des lentilles optiques, Montaigne était un conseiller et magistrat, Saint Augustin était évêque. D’autres étaient professeurs ou précepteurs mais pas nécessairement de philosophie. Il y eut depuis longtemps des écoles de philosophie mais les postes de professeur de philosophie émergent réellement avec l’essor des universités puis de l’enseignement secondaire. Aujourd’hui, certains exercent explicitement la fonction de philosophe dans certaines organisations hors de l’enseignement et de la recherche. Certains grands scientifiques et penseurs, écrivains et artistes, sont considérés comme des philosophes par la qualité de leurs propositions philosophiques dans ou hors de leurs travaux principaux.

Dans un sens plus large, je considère qu’en tout être humain sommeille un sage et un philosophe, et que chacun peut accéder à ces dignités par un travailleur amateur personnel, tout au long de son existence. Il serait en effet inconcevable de réserver la possibilité de devenir un sage ou un philosophe à une extrême minorité de l’Humanité, au détriment de l’immense majorité d’entre nous. La sagesse et la philosophe sont en effet éminemment démocratiques et non réservées à quelques aristocrates de la vertu. Pour devenir un sage, il suffit d’être un humain. Pour devenir un philosophe amateur, il suffit d’avoir un cerveau et de prendre le temps de l’exercer. Je ne nie pas que certaines réflexions philosophiques sont à un niveau inaccessible à beaucoup d’entre nous, comme dans d’autres champs de la connaissance. Mais je pose que l’essentiel de la philosophie est accessible au plus grand nombre, avec une pédagogie et un effort suffisant.

A quoi sert la philosophie ?


À rien. À tout. À n’importe quoi. À des cas très particuliers.

Peut-on se passer totalement de philosophie pour mener la vie bonne ? Il est probable que la voie de la sagesse exige un logiciel philosophique informel minimal. Même les croyants les plus inspirés ne peuvent fonder toutes leurs pensées, paroles et actes uniquement sur une foi brûlante et une intuition imparable de la volonté divine. Il nous faut réfléchir, au moins un peu, pour agir bien. Réfléchir à nos actes, c’est déjà philosopher. Ainsi, la philosophie est nécessaire à la vie bonne.

La philosophie peut être le moteur de toute une existence, une quête de la Vérité, du Bien et de la Beauté qui contribue à la vie bonne.

La philosophie peut être un mode de vie, qui privilégie la réflexivité et l’amélioration de soi et du monde.

La philosophie est aussi une méthode de pensée qui développe des concepts pour apporter des éléments de réponse à des problèmes existentiels, ou très pratiques, comme en éthique médicale.

La philosophie est une manière d’entrer en relation avec Soi et avec l’Autre. L’amour de la sagesse qu’est la philosophie peut se partager grâce à la philia, l’amitié, entre les Humains.

La philosophie nous permet de mieux vivre, mais aussi de mieux mourir. Elle nous permet de reconnaître les Limites et de comprendre la nécessité de la Transgression.

La philosophie fonde le droit, la démocratie, la liberté, la justice, la citoyenneté, la réflexivité, l’autonomie, la responsabilité. La philosophie permet de gouverner et d’être gouverné.

La philosophie permet de se connaître soi-même, d’oser savoir, de s’émanciper, de devenir majeur, de se révolter, de résister et de lutter contre le Mal.

L’animal humain n’a pas besoin de la philosophie. On peut vivre comme une bête. L’être humain en a besoin comme de pain. Nous avons besoin d’immanence et de transcendance, nous sommes en quête de sens. La philosophie ne permettra jamais de percer le Mystère de l’Existence mais elle peut nous aider à survivre, à vivre, à exister. On peut peut-être vivre en pleine conscience sans philosopher explicitement. Mais élargir sa conscience, contempler ce qui est, c’est déjà philosopher implicitement !

La philosophie permet d’exister, de contempler l’existence, de créer, d’aimer et de s’engager.

A l’heure de l’Écocide, de l’Urgence, je fais partie de ceux qui pensent que, plus que jamais, nous avons besoin de philosopher. Notre philosophie est encore immature, incomplète, inaboutie, et il est urgent de la remettre sur le métier.


Personnification de la sagesse (« Σοφία » ou « Sophia ») à la Librairie de Celsus à Éphèse, Turquie.

Photo par Radomil 2005, GNU Free Documentation License 1.2.

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