« Choisir, c’est renoncer. »

Adage


« Ne pas choisir, c’est encore choisir. »

Jean-Paul Sartre, philosophe.


« On n’a rien sans rien. »

Adage


« There is no such thing as a free lunch »

Adage très utilisé en sciences économiques



L’urgente actualité du sacrifice


Qu’est-ce que le sacrifice ? Le mot paraît effrayant, désagréable, obsolète à nos oreilles contemporaines. Nous sacrifier ? Sacrifier quoi que ce soit, notre confort, notre plaisir, nos avantages, dans cette société de la jouissance immédiate ? Hors de question !

Nous voulons tout, tout de suite, en permanence. Nous ne sommes prêts à faire aucune concession. Nous ne voulons renoncer à rien. Tout nous est dû. La fête ne peut pas s’arrêter.

Pourtant le sacrifice n’a pas toujours été ce terme qui semble si incongru et poussiéreux aujourd’hui. Il était bel et bien au cœur des rites et des sagesses de toutes les sociétés qui nous ont précédés partout dans le monde, dans l’intimité du quotidien comme dans les grandes fêtes annuelles, autant chez les peuples premiers qu’au sein des civilisations antiques. Le sacrifice était vraisemblablement au cœur de toutes les cultures humaines depuis des dizaines de milliers d’années. Chacun comprenait intuitivement, dès le plus jeune âge, que le sacrifice faisait partie intime de l’Existence, de l’ordre du Cosmos.

Le sacrifice est également au cœur de la religion chrétienne, un des fondements de notre civilisation occidentale, depuis son émergence il y a deux mille ans. Le crucifix affiché dans toutes les chaumières et dans tous les bâtiments publics encore au XXème siècle symbolise « le sacrifice ultime de Jésus, le fils de Dieu, pour le salut de toute l’humanité ». Ce sacrifice est destiné à « expier tous les péchés du monde et à assurer notre rédemption pour avoir la possibilité de la vie éternelle et constitue la manifestation suprême de l’amour et de la miséricorde de Dieu envers l’humanité ». Ce crucifix « rappelle aux chrétiens l’exemple de l’humilité et du sacrifice de Jésus. Il invite les croyants à suivre l’exemple de Jésus en mettant leur confiance en Dieu, en aimant les autres et en étant prêts à sacrifier leurs propres intérêts pour le bien des autres ».

Par ailleurs, de nombreux courants philosophiques et champs scientifiques abordent d’une manière ou d’une autre l’idée de sacrifice. C’est donc la vision superficielle qu’a notre société hédoniste de cette idée qui est une anomalie dans l’Histoire. Retrouver le sens du sacrifice, modernisé, écologisé, est donc d’une urgente actualité.

La vision que nous avons communément du sacrifice, comme incongru et poussiéreux, est totalement superficielle. Car malgré notre déni et notre rejet de cette idée, le sacrifice est consubstantiel à l’Existence. Nous ne pouvons pas y échapper.

Le sacrifice n’est pas seulement une pratique rituelle très ancienne chez les Humains, c’est aussi un fait inexorable du Réel. L’Existence implique le sacrifice. Exister, c’est nécessairement sacrifier quelque chose, Soi ou un Autre. Et à chaque instant où nous vivons, à chaque seconde qui s’écoule, nous sacrifions quelque chose, même sans nous en rendre compte. Il y a un coût à payer, toujours. Rien n’est gratuit. Choisir, c’est renoncer. Et ne pas choisir, c’est encore choisir, donc encore renoncer. Toute action, même l’inaction, implique un coût d’opportunité, une perte irréversible : qu’une opportunité alternative ne sera pas saisie, qu’un autre itinéraire existentiel ne sera jamais emprunté dans l’arbre des possibles. On n’a rien sans rien. Il faut faire des efforts partout et toute le temps. Simplement pour survivre. Encore plus pour exister. Par ailleurs, toute action implique des conséquences, certaines heureuses, d’autres malheureuses, qu’il faudra assumer.

Le caractère limité du Réel, dont nous sommes partie, le caractère unique, irréversible et impermanent du Temps, le caractère unique de l’Espace, l’absence d’omnipotence et d’omniscience, impliquent que certaines transgressions sont impossibles. C’est au cœur de la Limite que se manifeste le plus impitoyablement le sacrifice. Ne rien sacrifier est impossible. Le sacrifice est fils de la Limite.

L’absence totale de sacrifice est impossible dans l’existence. On doit forcément sacrifier quelque chose à partir du moment où on est vivant, qu’on existe, qu’on agit. Tout action requiert un sacrifice, même minime, même implicite. Le simple fait de renoncer à toutes les autres actions concurrentes est déjà un sacrifice. Se marier avec telle personne plutôt qu’avec toutes les autres. Avoir 2 enfants et pas 3. Choisir tel sport et pas tous les autres. Partir en vacances à tel endroit au détriment de tous les autres. Choisir telles études au détriment des autres. Etc.

À l’autre extrême, le sacrifice total est souvent présent dans l’existence. Au sein du règne du Vivant, mais aussi au sein de l’Humanité. Des parents se sacrifient pour leurs enfants, des soldats se sacrifient pour leur pays, des femmes et hommes d’État se sacrifient pour leur peuple, des policiers, pompiers ou médecins se sacrifient pour sauver des vies.

Et ce n’est pas tout. En raison de l’impermanence universelle et de l’incertitude radicale, le sacrifice est toujours un pari susceptible d’être perdu. L’échec du sacrifice, immédiatement ou ultérieurement, est toujours une possibilité.

Alors quel est le sens générique du sacrifice ? C’est le renoncement à un bien en vue de l’obtention d’un plus grand bien total. Corollairement, c’est aussi l’acceptation d’un mal en vue d’un moindre mal total.

Le sacrifice ne dit pas quelle fin justifie quelle moyen. Mais il nous dit qu’il y aura toujours un prix à payer. Comme un pacte faustien.

Le sacrifice existait, sous sa forme générique, bien avant l’émergence de l’espèce humaine. La Vie sacrifie les vivants au profit de la Vie : les vivants sacrifient d’autres vivants à leur propre profit (prédateurs et proies) et parfois se sacrifient eux-mêmes pour que d’autres survivent (comme chez les fourmis).

Comme survivre, vivre et exister impliquent de renoncer en permanence à des biens (immédiats) en vue de l’obtention d’un plus grand bien (ultérieur), en particulier continuer à survivre, vivre et exister, on peut dire que la Vie et l’Existence constituent en elles-mêmes un sacrifice.

Comme instances du déni et du rejet de la Limite, le déni et le rejet du sacrifice ont donc des conséquences délétères dans l’Existence. Nous n’aurions pas dû sacrifier le sacrifice. C’était une erreur.

Le Réel étant ce qui résiste, en refusant le sacrifice, nous nous heurtons à ses murs infranchissables. En agissant comme si nous ne devions jamais rien sacrifier, nous restons dans l’illusion, commettons des erreurs douloureuses et souffrons inutilement. Nous demeurons dans le fantasme de l’Illimitisme, qui nuit à nos existences individuelles et à l’Existence collective.

Pire encore, ce déni et ce refus aujourd’hui menacent l’Existence de la Vie et de l’Humanité sur Terre. Il se pourrait que notre incapacité à agir à la hauteur de l’Écocide soit liée à notre incapacité à intégrer la Limite dans notre vision du monde, dans notre Métaphysique, et à en déduire les sacrifices qui sont indispensables à la poursuite de l’aventure humaine.

Pour tenter de dépasser notre déni et notre rejet du sacrifice, peut-être est-il opportun de le réapprivoiser, de le réinterroger, d’en actualiser la compréhension pour mieux nous outiller face à l’Urgence. Et pour mieux vivre tout simplement.

Les significations du sacrifice


Pour mieux cerner la notion de sacrifice, examinons ses définitions issues du dictionnaire, ses synonymes et ses antonymes. On reçoit la confirmation que le mot sacrifice a une origine religieuse, d’abord dans les religions anciennes jusqu’aux religions actuelles, et particulièrement dans la religion chrétienne. C’est sans conteste un phénomène anthropologique universel aussi ancien que l’Humanité. Dans chacune de ses acceptions, on peut vérifier que ce mot a bien le sens générique de renoncer à un bien en vue d’obtenir un bien total meilleur.

SACRIFICE, substantif masculin.

A.   RELIGION

1. Action sacrée par laquelle une personne, une communauté offre à la divinité, selon un certain rite, et pour se la concilier, une victime mise à mort (réellement ou symboliquement) ou des objets qu’elle abandonne ou brûle sur un autel.
Synon. holocauste, immolation, oblation, offrandeAgréer un sacrifice; faire, offrir un sacrifice; offrir qqc. en sacrifice (à un dieu)

SYNT. Sacrifice agréable (à Dieu, aux dieux); sacrifice privé, public, rituel, solennel; sacrifices païens; sacrifice d’animaux; sacrifice d’action de grâces, d’adoration, de communion, de louange; sacrifice expiatoire, propitiatoire; appareil, apprêts, rites du sacrifice; autel, couteau, parfum, sang, viande, victime du sacrifice.

 En partic.
 Sacrifice humain. Sacrifice dans lequel on immole une personne offerte comme victime. Sacrifice d’enfants, d’une jeune fille, de captifsCe fut assez vite le sentiment commun, le sacrifice humain loin d’alléger fit horreur (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 207).

 Sacrifice de (+ nom propre). [Le compl. désigne celui qui offre le sacrifice] Sacrifice d’Abel, de Caïn. [Le compl. désigne la victime] Sacrifice d’Iphigénie.

2. RELIG. CHRÉT. Sacrifice du Christ, sacrifice du calvaire, de la croix.

B.   


1. Renoncement, privation que l’on s’impose volontairement ou que l’on est forcé de subir soit en vue d’un bien ou d’un intérêt supérieur, soit par amour pour quelqu’un. 
Grand, petit, gros sacrifice; accomplir, offrir un, des sacrifice(s); accepter le sacrifice (de qqn, de qqc.); consentir à un sacrifice

SYNT. Sacrifice généreux, héroïque, douloureux; sacrifice de son bonheur, de son cœur, de son orgueil; sacrifice de sa fortune, de sa situation, de son temps, de sa vie; douleur, force, grandeur, magnanimité, prix du sacrifice; s’imposer un, des sacrifice(s); être prêt au sacrifice; recueillir le fruit de son sacrifice; aller jusqu’au bout de son sacrifice.

2. En partic.

a) RELIG. CHRÉT. Sacrifice (moral, spirituel). Offrande à Dieu d’un acte de renoncement, d’une privation en union avec le sacrifice du Christ.

b) Sacrifice (de soi). [Corresp. à se sacrifier] Fait de renoncer à ses intérêts propres voire à sa propre vie, pour un idéal ou par amour de son prochain. Synon. dévouementFaire le sacrifice de soi

c) Sacrifice (financier, d’argent). Fait de renoncer à un gain, de se priver pour consacrer une somme d’argent à un autre usage d’intérêt supérieur. Consentir à des sacrifices; économiser à force de sacrifices

d) Sacrifices (d’hommes). Perte en soldats au cours d’une bataille, d’une guerre. 

e) ÉCON. Sacrifice d’un animal. Mise à mort d’un animal pour la consommation ou en cas d’accident ou de maladie. Synon. abattage.


C.   Sacrifice à (+ subst.). Action de se plier, de plus ou moins bon gré, à quelqu’un ou à quelque chose. Synon. concession


D.   ARTS, LITT.au plur. Suppression de détails dans une composition, une peinture pour donner plus de vigueur à l’ensemble. 

Trésor de la langue française


Voici maintenant quelques synonymes : abandon, abattage, abnégation, ascèse, concession, contrepartie, délaissement, dépense, désintéressement, désistement, dévouement, dessaisissement, don, donation, don de soi, effort, héroïsme, holocauste, hostie, immolation, investissement, libation, martyr, messe, oblation, oblativité, offrande, peine, perte, privation, propitiation, rabais, résignation, renoncement, renonciation, travail.

C’est le prix à payer.

Et quelques antonymes : gain, récompense, confort, plaisir, avantage, réussite, gains personnels, profiter, conservatoire, acquisition, réalisation, bénéfice, conquête, victoire, profit, obtention, amélioration, préservation, rétablissement, récolte.

C’est le gain visé.


Et un adjectif : sacrificiel, qui a le caractère du sacrifice.

À la lecture des définitions, on voit que le mot « sacrifice » est extrêmement riche de significations dans des champs lexicaux très variés : religieux, moral, éthique, domestique, professionnel, militaire, économique, politique, stratégique, dans l’élevage, dans les arts, etc.

Les éléments fondamentaux du sacrifice


Nous avons vu que le sacrifice signifie génériquement : le renoncement à un bien en vue de l’obtention d’un plus grand bien total. Corollairement, c’est aussi l’acceptation d’un mal en vue d’un moindre mal total.

Quels sont les éléments fondamentaux nécessaires pour constituer cette notion de « sacrifice ?

  • sacrificateur ou acteur qui sacrifie
  • sacrifié ou chose ou être qui est sacrifié (en cas de sacrifice de soi ou de son bien, sacrificateur et sacrifié sont une seule et même personne)
  • sacrification ou action de sacrifier
  • lien entre le sacrificateur et le sacrifié
    • aucun
    • protagoniste
    • antagoniste
  • mécanisme et finalité
    • renoncement à un bien ou acceptation d’un mal
    • obtention d’un plus grand bien ou d’un moindre mal au total
    • calcul de la valeur relative du bien sacrifié par rapport au bien total visé
    • pari en situation d’incertitude
  • caractéristiques respectives du bien sacrifié et du bien total visé
    • individuel ou collectif
    • volontaire ou involontaire
    • personnel ou impersonnel
    • degré (minime, important, ultime)
    • unilatéral ou mutuel
    • irréversibilité
    • préalable ou ultérieur


Le sacrifice peut donc être analysé comme un système où des entités sacrifient d’autres entités (parfois elles-mêmes) avec lesquelles elles sont liées en vue de certaines finalités et à l’issue d’un calcul et d’un pari où interviennent différentes caractéristiques.

L’omniprésence du sacrifice


La notion de sacrifice dans son sens générique, bien qu’elle ne soit pas nommée ainsi, est omniprésente. On la retrouve notamment :

  • dans les choix individuels
    • quotidiens (loisirs, travail, engagement)
    • de vie (formation, métier, couple, enfants, maison, etc.)
  • dans la prise de décision politique
    • individuelle
    • partisane
    • gouvernementale
  • en stratégie
    • en théorie des jeux
      • dans de nombreux jeux de stratégie comme les échecs
      • pour tous les sports
      • dans la théorie de la dissuasion nucléaire
    • en théorie militaire, à différents niveaux
      • combattant individuel
      • tactique
      • stratégique
      • symbolique
  • en théorie économique
    • en théorie des choix rationnels
    • en théorie de l’entreprise
      • investissement
      • sunk costs
      • R&D
      • restructurations
    • en microéconomie, avec par exemple le concept de coût d’opportunité et celui de contrainte budgétaire des ménages
    • en macroéconomie, avec par exemple le budget des pouvoirs publics
  • dans la spiritualité et la philosophie
    • chez les peuples premiers
    • dans toutes les religions
    • dans l’éthique conséquentialiste, en ce compris l’utilitarisme, où le sacrifice, sous la forme d’un coût, est acceptable à condition de générer un bien supérieur au total
    • dans l’éthique déontologique, où il est considéré normal de sacrifier certaines de ses intérêts propres au nom d’une norme supérieure, au nom de la morale, au nom d’un impératif catégorique
  • dans la culture et les arts
    • le fameux pacte faustien
    • les innombrables œuvres de fiction où est représenté le sacrifice du confort, du bien et de la vie du héros pour sauver l’humanité
  • etc.


Le sacrifice dans une perspective existentialiste


Dans la vie, on n’a rien sans rien. Choisir c’est renoncer. Et ne pas choisir, c’est encore choisir donc encore renoncer. Il est en fait impossible de ne pas faire de sacrifices tous les jours. On doit faire des efforts pour obtenir quoi que ce soit. Et si on ne fait aucun effort, on finit toujours par sacrifier quelque chose : sa santé, son temps, son emploi, son couple, ses amitiés, et pour finir, on peut passer à côté de sa vie entière.

Notre liberté implique le sacrifice existentiel.

Si on étend ce raisonnement, vivre implique d’accepter le risque et même la certitude ultime de mourir. Mener une bonne vie où on existe vraiment implique d’ailleurs de prendre davantage de risques que de simplement survivre et vivre médiocrement.

Dans tous ces cas, on doit sacrifier la sécurité au profit d’un gain plus grand qui est l’intensité d’existence.

Idem pour une carrière : on ne peut pas avoir une vie exceptionnelle sans sacrifier le confort et la sécurité d’un emploi sans défi. Mais inversement, rechercher la sécurité et le confort implique de sacrifier des opportunités plus importantes d’intensité existentielle.

Il y a donc des sacrifices au niveau individuel et collectif, jusqu’au niveau politique et militaire. On parle du sacrifice ultime lorsque le sacrificateur se sacrifie lui-même (sa propre vie, pour sauver quelqu’un, lors d’une bataille, etc.).

L’Engagement est toujours une forme de sacrifice pour un plus grand bien.

Le sacrifice est aussi une nécessité stratégique et tactique qui est parfaitement illustrée par le sacrifice d’une pièce au jeu d’échec, en vue de gagner la partie (théorie des jeux, théorie des choix rationnels, stratégie militaire et politique, stratégie d’entreprise, etc.).

Enfin, si on élargit au maximum la notion de sacrifice, on ne peut que constater aujourd’hui que l’Humanité sacrifie la Biosphère en commettant l’Écocide, au nom de l’économie mondialisée.

Pour mettre fin à ce sacrifice maudit, qui ne peut produire qu’un plus grand mal total, jusqu’à menacer l’existence de la Vie et de l’Humanité, il est nécessaire à l’Humanité de sacrifier ce qu’elle est aujourd’hui, de sacrifier ses anciennes croyances, de sacrifier l’économie mondialisée écocidaire, de sacrifier, peut-être, ce qu’elle croyait être son ancien confort.

Plus que tout, l’Humanité est appelée, pour survivre, à un des plus grands sacrifices, le renoncement à sa vision du monde, à sa métaphysique. Elle doit renoncer à l’Illimitisme, accepter la finitude, l’enfermement planétaire, l’enfermement sociétal, l’enfermement cérébral.

Accepter la Limite. Trouver la voie de la Métamorphose. Accéder à l’Autonomie.

Sacrifier l’illimitation pour obtenir la Liberté.

Se sacrifier soi pour devenir autre chose.

Comme la chenille sacrifie ce qu’elle était pour devenir un papillon.

Et continuer à exister et à prospérer.





Le sacrifice d’Isaac

Peinture de Le Caravage, c. 1603.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *