Méthode n°19 : célébrer le travail accompli et jouir du repos bien mérité


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Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre.

Blaise Pascal (1623-1662), Pensées, 1670.


Dieu acheva au septième jour son œuvre, qu’il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant.

Livre de la Genèse, 2:2.


Le Shabbat est un jour de repos et de sanctification observé chaque semaine par les Juifs, du vendredi soir au samedi soir. Il commémore le septième jour de la création, lorsque Dieu se reposa après avoir créé le monde. Il est un jour hors du temps et des contingences matérielles, un jour durant lequel toutes les activités extérieures doivent être réduites pour se concentrer sur le foyer, la communauté et la spiritualité. Il est souvent l’occasion de prières, de repas festifs en famille et de services religieux à la synagogue.




Comme tout est impermanent, rien n’est jamais terminé, rien n’est jamais acquis. Tout peut s’effondrer à chaque instant. Il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier et parfois, tout recommencer. Et à la fin il y a le néant implacable.

Ce que nous pouvons espérer, c’est une existence personnelle riche d’Éternité et autant d’Âges d’or pour l’Humanité. C’est peut-être cela, une vie réussie, et une Humanité épanouie.

Nous pouvons et nous voulons nous réjouir. Et nous le devons également. Car se réjouir, c’est participer à la joie universelle d’exister. Si la Vie est quoi que ce soit, elle est avant tout un immense cri d’allégresse. Qu’il ne faut point retenir.

Il n’est donc pas nécessaire d’être, d’avoir ou de faire quoi que ce soit pour ouvrir les portes de la félicité. Aucun résultat n’est à atteindre. Rien n’est à terminer.

Cependant, nous sommes ainsi faits que nous sommes plus heureux quand nous créons, quand nous inventons, quand nous faisons, quand nous travaillons, quand nous œuvrons. Nous sommes bien plus des écureuils hyperactifs que des amibes placides. Une créature laborieuse ne veut pas sommeiller en nous. Exister n’est pas seulement contempler mais aussi créer, aimer, s’engager.

Alors nous nous efforçons de répondre au principal problème de l’Humanité : comment occuper notre trop gros cerveau ?

Nous nous agitons fébrilement, nous mettons à la tâche, nous divertissons sans fin, nous affairons pour un rien, nous fixons des projets, nous formons à un métier, nous consacrons à une carrière, nous engageons pour une cause, nous inventons un destin et, dans notre sérieux et notre folie, souvent, nous ne faisons que bâtir des châteaux en Espagne.

Toutes et tous nous faisons des efforts, travaillons pour notre reproduction matérielle, créons du neuf, réparons l’ancien, entretenons l’existant.

Nous labourons, nous semons et puis vient le temps de la moisson, où nous bûchons parfois jusqu’au crépuscule d’un été torride pour nous effondrer, couverts de sueur, dans un lit de paille.

Nous sifflons en travaillant ou nous nous tuons à la peine mais toujours vient le besoin du repos et de la célébration, vient le temps des fêtes de la moisson.

Car pour mener la vie bonne, il importe de célébrer le travail accompli et de jouir du repos bien mérité.

Car célébrer le travail accompli et jouir du repos bien mérité, c’est célébrer l’Existence et jouir de la Vie.

La Vie elle-même alterne les périodes d’effort et les temps de repos. Elle se génère et se régénère sans cesse. Le prédateur chasse puis fait la sieste. La proie se repose après s’être échappée. De nombreuses créatures hibernent. Après le printemps et l’été, vient l’automne et l’hiver.

C’est pourquoi il est nécessaire et souhaitable de se reposer après chaque séance d’ouvrage, après chaque jour d’effort, après chaque semaine de labeur, durant les vacances, au fil des saisons et des ans.

Et c’est pourquoi il est bon de célébrer le travail accompli, et de se réjouir de l’Existence, de la Vie et de l’Œuvre qu’elles constituent.

Exister, ce n’est pas seulement créer, aimer, s’engager, c’est aussi contempler.

Et à la fin vient le repos éternel, qui permet le grand cycle de la Vie.




La Moisson, Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569), 1565.


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