Amour – Fraternité – Sororité – Amitié – Philia – Philanthropie




Face à l’Absurde et au Tragique irréductibles de l’Existence, je me suis souvent demandé ce qui pouvait nous empêcher de sombrer dans la résignation, l’inertie, le désespoir, l’anomie, voire le suicide. Le Réel invite l’être lucide à une forte angoisse existentielle. Y a-t-il une réponse à cette angoisse ?

Comme je rejette la thèse du solipsisme, j’admets qu’il existe une réalité hors de ma conscience et que d’autres consciences que la mienne existent qui perçoivent et interagissent avec moi et cette réalité. Autrement dit, le Réel et l’Autre existent selon moi.

Comme je suis un être conscient et sensible, je suis soumis à l’évidence de l’Absurde et du Tragique. Le Néant, le Chaos, le Mal, la Souffrance, la Finitude, la Mort s’imposent à moi qui ai été jeté dans cette existence sans pouvoir en modifier les paramètres fondamentaux.

Qu’est-ce qui pourrait adoucir cet effroi existentiel ? Le fait de ne pas être seul. Le fait d’être plusieurs à partager la même condition.

Si nous ne sommes pas seuls, nous pouvons interagir et nous pouvons être solidaires. Nous pouvons nous réconforter, nous soutenir, nous sauver, nous aimer les uns les autres. La réponse que j’ai trouvée à cette angoisse est donc la suivante : l’Amour ! L’Amour que nous partageons les uns envers les autres, l’Amour, dans toutes ses déclinaisons, me semble la clef de voûte de l’existence humaine.

En effet, si j’écarte le solipsisme, d’autres que moi, conscients et sensibles, existent aussi et font face au même drame existentiel que le mien. Nous partageons ce même sentiment d’être perdus ensemble dans l’existence, soumis à l’Absurde et au Tragique. Certes, dans un certain sens, nous sommes chacun irréductiblement seuls face à ce constat mais en même temps, nous sommes aussi ensemble.

Nous partageons la sensibilité avec tous les autres êtres vivants sensibles et nous partageons la conscience avec tous les autres êtres vivants sensibles et doués d’un certain niveau de conscience. Enfin, nous partageons le niveau de conscience moyen avec les individus de notre espèce humaine.

Le rempart contre le gouffre existentiel me semble donc pouvoir être formulé comme suit : l’existence humaine doit se confronter à la condition humaine, à l’absurde et au tragique mais grâce à la présence d’autres existences humaines, ce poids est moins lourd à porter, car on peut donner et recevoir du réconfort, on peut s’entraider, on peut se sauver les uns les autres, on peut s’entraimer.

Quand aux autres formes de vie, nous partageons leur condition tragique, leur sensibilité, leur souffrance, leur finitude, leur mortalité. Nous pouvons leur être et elles peuvent nous être solidaires. Nous pouvons partager de l’affection avec d’autres êtres vivants non humains comme les mammifères domestiques et de la solidarité avec toutes les formes de vie en général.

Entre mortels, nous pouvons partager la solidarité des vivants. Entre souffrants, la solidarité des sensibles. Entre angoissés, la solidarité des conscients.

Voilà qui nous amène à toutes les catégories de l’affection entre les êtres : l’Autre, l’Amour, l’Amitié, la Fraternité, la Sororité, la Solidarité, la Considération, la Philia, la Philanthropie, l’Entraide, etc.

Alors que le Mal est en général force de séparation, le Bien est en général force de Reliance.

On voit qu’une pensée écologique de l’altérité, de l’Autre, est indispensable et forcément fondée sur la notion systémique de Reliance : je dépends de toi, semblable et différent, qui dépend de moi et nous dépendons toutes et tous les uns des autres. De facto, cela fonde la nécessité d’un Contrat social-écologique terrestre, par les Terrestres et pour les Terrestres. En nous rappelant que dans le mot intelligence, il y a l’idée de reliance. L’Amour, l’attachement, l’affection ne forment donc pas seulement un ensemble d’émotions primaire mais aussi, tout simplement l’intelligence de la Vie.


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