Commentaire n°28 : 2050, le procès de Nuremberg des écocidaires ?





Ces nombreux politiciens, de droite, de gauche, du centre -parfois même issus de l’écologie-, qui auront sciemment contribué à l’écocide planétaire jusqu’au plus haut niveau, par action délibérée, collaboration, ou abstention coupable, seront-ils un jour traduits en justice ?

Cela n’est pas encore compris aujourd’hui -la mauvaise foi règne en maître- mais la gravité éthique de l’écocide planétaire est équivalente -vraisemblablement supérieure- à tous les génocides. Pourquoi ? Parce que détruire structurellement les écosystèmes, les sols, l’eau, l’air, c’est détruire à long terme les conditions d’existences sur Terre de TOUS les êtres vivants, humains et non humains. Pas seulement un groupe humain ou une espèce vivante. Et détruire ces conditions d’existence, c’est causer de graves problèmes de santé voire la mort de millions et milliards d’êtres vivants mais aussi de toutes leurs générations futures.

Certains impacts sont irréversibles en temps historique. L’écocide tue les espèces qui habitent l’écosystème. C’est donc un meurtre indirect, de masse. L’écocide en cours détruit déjà chaque année prématurément des millions de vies humaines et des milliards de vies non humaines (chiffres à l’appui). Un exemple : la pollution de l’air provoque le décès prématuré d’environ 7 millions de personnes par an, soit l’équivalent d’un génocide annuel. Les pesticides agricoles, en débat, polluent sols, eau, air et êtres vivants.

Prise séparément, chaque pollution peut paraître anodine, mais l’addition des « gestes anodins » est précisément ce qui cause quantitativement l’écocide. Comme certains ne faisaient que « conduire un train », « orienter un aiguillage », « approvisionner un camp », « remplir des formulaires », « fabriquer du gaz », « garder un mirador », certains aujourd’hui ne font que « répandre des pesticides sur leurs champs », « faire des réserves de pesticides pour leur jardin », « faire du lobby pour l’industrie pétrochimique », « retarder l’adoption de certaines législations », « remercier les politiciens qui s’abstiennent », « attaquer l’ambition écologique », « demander une pause environnementale », etc.

C’est la « banalité du mal » bien décrite par Hannah Arendt, cette fois au service du crime contre l’humanité qu’est l’écocide. L’addition de lâcheté, d’intérêt particulier, de malhonnêteté, de malfaisance, au service d’un crime collectif. Bien sûr, la mauvaise foi ambiante, justement parce qu’elle ne parvient pas à concevoir la gravité éthique de ce qui est en train de se passer, attaquera ce genre de propos pourtant tout à fait logique.

Mais je l’assume : un jour, la gravité éthique de l’écocide planétaire sera reconnue dans le droit national et international comme le pire génocide commis par l’humanité, en quantité et en intensité. Ceci, peut-être, après l’équivalent écologique des procès de Nuremberg…


Procès de Nuremberg : (De gauche à droite) Premier rang : Göring, Hess, Ribbentrop, Keitel ; Second rang : Dönitz, Raeder, Schirach, Sauckel.

Wikipedia

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