Commentaire n°12 : USA et Chine, quand les 2 premiers pollueurs mondiaux jouent à la géopolitique du climat





Ce mercredi 19 juillet 2023, John Kerry, l’envoyé spécial américain pour le climat, a rencontré le vice-président chinois Han Zheng pour tenter de rétablir les relations diplomatiques entre les deux principales économies mondiales, mais aussi les deux plus grands émetteurs de gaz à effet de serre. Cette rencontre n’est pas sans lien avec l’urgence climatique.

En termes de théorie des jeux, il est en effet un mince motif d’espoir : les plus grands émetteurs de CO2 sur Terre, les USA et la Chine, sont parmi les plus grandes victimes du réchauffement climatique présentes et à venir.

Cela signifie que les stratégies rationnellement optimales de ces deux « joueurs » convergent de plus en plus vers l’évidence de la conclusion d’un accord de « désarmement fossile mutuel », c’est-à-dire de démantèlement de leurs industries fossiles respectives. Cela pour se sauver chacun d’une aggravation des catastrophes climatiques sur leur sol.

Un bémol demeure néanmoins : l’indexation de la puissance géopolitique sur l’économie et la défense « fossiles ». USA et Chine vont-ils accepter d’être « menacés » par leur concurrent en réduisant leur usage fossile économique et militaire, afin de protéger leur territoire national de la catastrophe climatique ? En effet, l’économie et la défense des puissances géopolitiques repose sur un usage massif des combustibles fossiles : production d’électricité, transport par camion, par bateau et par avion, chauffage, industrie, agro-alimentaire mais aussi avions de chasse, chars, industrie de l’armement, porte-avions, etc. Qu’en est-il de l’arme nucléaire ? Bien que la conception et le maintien d’une défense nucléaire repose jusqu’à présent sur un usage massif des combustibles fossiles, on pourrait arguer que le système d’arme nucléaire dépend cependant proportionnellement moins de ces combustibles que tous les autres armements, à puissance destructrice équivalente.

L’aspect climatique et l’aspect défense, indexé sur les combustibles fossiles, se croisent dans la matrice stratégique des USA et de la Chine, engagés dans une course à l’hégémonie géopolitique. Pour le moment, ces deux puissances enferment la planète dans une stratégie lose-lose. L’Humanité pourrait s’effondrer à la fois sous l’accumulation des catastrophes climatiques mais aussi à l’issue d’une guerre nucléaire mondiale.

Alternativement, il se pourrait qu’on observe un basculement des piliers traditionnels de la puissance géopolitique, suite auquel le fait de disposer d’un territoire résilient, donc écologique (sécurité alimentaire, hydrique, thermique), devienne progressivement plus important que des avions au kérozène et des bombes nucléaires.

Quoiqu’il en soit, plus leurs territoires nationaux seront frappés par des catastrophes climatiques meurtrières, plus les Etats-Unis et la Chine auront intérêt à signer ensemble un traité bilatéral de non prolifération fossile, semblable aux traités de non prolifération nucléaire, et devenir ensuite la coalition noyau d’un traité international, en forçant la main aux autres États. Ce traité considèrerait le changement climatique au même titre que les armes nucléaires, comme une menace mondiale majeure.

Plus d’info sur l’idée de ce projet de Traité de Non Prolifération des Combustibles Fossiles ici.

Un missile balistique intercontinental non armé Minuteman III, lancé lors d’un test de développement le 5 février 2019 à la base aérienne de Vandenberg, Californie, Etats-Unis.

U.S. Air Force photo by Senior Airman Clayton Wear, public domain.

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