Parti


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Bande, tribu, groupe, formation, rassemblement, association, organisation, assemblée, union, camp, collectif, réunion, salon, club, alliance, coalition, clan, coterie, cénacle, foule, cercle, gang, horde, multitude, équipe, compagnie, meute, fédération, troupe, société, ligue, groupement, équipage, mafia, groupuscule, cellule, secte, fraternité, tendance, courant, faction, mouvement, peuple, institution, chapelle, légion, cohorte, armée, … depuis aussi longtemps qu’ils existent, les individus humains se rassemblent dans un même espace-temps, s’associent, se coordonnent et unissent leurs efforts en vue de certaines finalités.

Qu’ils soient quelques-uns (cercle) ou des millions (peuple), qu’ils soient peu coordonnés (foule) ou disciplinés (armée), qu’ils soient secrets (secte) ou publics (assemblée), qu’ils soient provisoires (rassemblement) ou structurels (institution), qu’ils soient légaux (parti) ou illégaux (mafia), violents (horde) ou pacifiques (association), homogènes (union) ou bigarrés (coalition), les groupes humains sont des phénomènes aux configurations innombrables.

Parmi toutes ces configurations, l’une revient depuis que l’Humanité s’est sédentarisée et établie en Cités et en États, depuis l’essor des civilisations et de l’agriculture : le parti. Le parti est un phénomène indissociable du métaphénomène politique, il en est une émergence fondamentale.

Au sens le plus générique du terme, un parti est un groupe d’individus qui partagent des intérêts et des idées semblables. De manière plus spécifique, pour reprendre les mots de l’intellectuel Benjamin Constant, un parti est une « réunion d’hommes qui professent la même doctrine politique ». Et aujourd’hui, la politique reste encore trop souvent une affaire de mâles, au détriment des femmes mais des hommes également. Au sens actuel encore plus spécifique, un parti est une organisation formelle composée d’individus dont l’objectif est de gouverner une entité politique afin de mettre en œuvre son programme politique et qui coordonnent leurs actions en ce sens. Au sens le plus large, une entité politique peut être la moindre organisation d’une certaine taille, une tribu, une entreprise, une association, un État, une union d’États, l’ONU.

Dans un parti, du plus générique au plus spécifique, on observe plusieurs ingrédients :

  • groupe d’individus
  • idées semblables
  • intérêts partagés
  • organisation
  • objectif de gouverner l’entité politique
  • objectif de mettre en œuvre un programme politique
  • coordination des actions en ce sens (stratégie)


Il y avait déjà des partis dans la démocratie athénienne et sous la République romaine, et bien avant dans les civilisations du Croissant fertile, plus ou moins organisés, plus ou moins formels, plus ou moins autorisés, sous la forme de factions défendant des intérêts partagés et des idées semblables.

Je considère qu’on ne peut pas supprimer les partis. Comme ils sont une émergence anthropologique spontanée de la vie en société complexe, toute suppression officielle des partis ne sera que superficielle. Dès lors qu’on réunit en un lieu pour un certain temps un certain nombre d’individus, il se forme naturellement des factions, qui peuvent se cristalliser en partis. Une famille se déchire en deux camps à l’occasion d’un héritage, voici l’apparition spontanée de deux « partis ». Il n’est besoin d’aucun formalisme pour cela. Il suffit de prendre acte de l’existence d’un groupe significatif d’individus qui partagent des idées semblables et des intérêts, même s’ils ne sont pas coordonnés (dans le sens le plus générique). Si, en outre, ils se reconnaissent, s’organisent, se coordonnent et se fixent des objectifs explicites, et agissent de manière stratégique, on se trouve devant un parti encore plus structurellement.

Un parti est composé de partisans, qui partagent une doctrine et une stratégie. On parle d’idéologie pour désigner la « science des idées », dont font partie les doctrines politiques. L’idéologie est donc un terme descriptif avant tout même si son sens commun peut être péjoratif aujourd’hui. Un parti va nécessairement chercher à être politiquement victorieux, c’est-à-dire à accéder au pouvoir afin de gouverner, c’est-à-dire mettre en œuvre son programme politique. Pour ce faire, tous les moyens sont possibles même si, au sein des démocraties, seuls les moyens légaux sont admis. Parmi les grands moyens utilisés par un parti figure la propagande, qui signifie la « propagation des idées » dans un sens purement descriptif. Il s’agit de convaincre un maximum d’individus de se transformer en partisans de la même cause.

On ne peut parler de parti sans parler de démocratie. Le parti est une interface, mais pas la seule, entre les citoyens et l’État. C’est un des moyens, mais pas le seul, par lequel l’individu participe au gouvernement de son entité politique.

Un parti incarne forcément une réaction face à une certaine adversité, ce qu’on appelle l’opposition. La plupart du temps, il y a toujours au moins deux partis pour que le moindre parti puisse exister, même si le second parti ne se reconnaît pas comme tel. Dans une dictature, par définition monopartite, tous les partis sont officiellement interdits. Mais il existera toujours, au moins en potentiel et implicitement, un second parti, celui formé par tous ceux qui n’adhérent pas au système dictatorial.

Pour toute personne engagée, le phénomène des partis est essentiels. Comme on ne peut rien seul, on est forcé de s’associer pour faire levier sur le Réel. Le parti est un des leviers politiques les plus puissants qui existent.

Derrière le parti figure le mouvement et ce qu’on appelle la société civile. Les articulations entre État, parti, mouvement, association et citoyen sont nombreuses.

Face à l’Urgence, se pencher sur les partis, leur fonctionnement et leur impact est donc essentiel.

Nous y reviendrons.



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